« Le temps est venu aux femmes de se réinventer »
Marie-Laure Hubert Nasser est communicante, autrice et directrice de cabinet de Maider Arosteguy, maire de Biarritz.
Engagée pour la place des femmes dans la société, elle défend une vision inclusive et ambitieuse du numérique.
J’ai souvent pensé que la technologie était comme une immense vague. Ici, nous parlerions volontiers de la Belharra. Cette géante qui effraie, submerge. Celle que l’on appelle le monstre de mer à moins que l’on aime la surfer… Ainsi dans notre monde où tout va si vite, où certaines inventions sont des révolutions, le temps est venu de nous réinventer, de nous laisser porter vers de plus hautes vagues.
« Sans que nous nous en apercevions, un nouvel humain est né, pendant un intervalle bref… Il ou elle n’a plus le même corps, la même espérance de vie, ne communique plus de la même façon, ne perçoit plus le même monde, ne vit plus dans la même nature, n’habite plus le même espace… » écrivait Michel Serres dans La petite Poucette.
La petite Poucette, c’est le « like » qui change tout dans le monde des réseaux sociaux. Like ou pas like construit et déconstruit, au fil des followers et de leurs commentaires, notre quotidien … Et alors même que certains réseaux deviennent obsolètes et que Tik Tok terrasse FB, l’intelligence artificielle s’intègre subtilement dans notre quotidien. Le numérique colonise notre société et rien ne pourra l’arrêter. Sargasses pour certains, Oxygène pour d’autres…
Et puis l’IA apparait, subtile, utile… Ma petite-fille verra son monde se transformer de manière inédite. Son berceau intelligent s’adaptera à ses mouvements, des capteurs intégrés surveilleront sa respiration et sa température, alertant ses parents en cas d’anomalie. Son développement cognitif sera pris en charge par ses jeux interactifs et son ours en peluche lui racontera des histoires personnalisées. Les trajets en voiture deviendront plus sûrs grâce à des véhicules autonomes équipés de systèmes de surveillance avancés. Des tuteurs virtuels personnaliseront ses devoirs en adaptant les exercices. Ils deviendront interactifs et ludiques. Que serais-je dans ce quotidien ? Une voix, une peau, une chaleur, une histoire…
En écrivant ces mots, je revois mon enfance devant le tableau noir, la craie blanche crisse sous les doigts. Et en relevant la tête, je constate que les doigts de ma fille s’agitent sur son clavier. Elle écrit et me parle à la fois. Elle écrit sans regarder les lettres ni les mots. Elle travaille avec des équipes de l’autre côté de la planète, parle des heures à son écran… Un autre monde. Celui de la Data, des millions de Tera octets, un monde où l’on fabrique une voiture en impression 3D, notre pays où le numérique pèse 69,4 milliards d’euros !
La technologie, comme les marées de la Grande Plage charrie un monde dans lequel il est temps de nous réinventer. Comprendre, apprendre, se glisser. Comment penser un instant que mes filles et leurs filles puissent échapper à ce monde. C’est inimaginable. Les femmes doivent penser ce monde car il s’agit bien là d’un espace de liberté et d’égalité.
Le numérique est un espace de pouvoir. Avez-vous réellement renoncé au pouvoir ?